Les pratiques managériales françaises jugées « peu flatteuses » comparées à celles de certains de nos voisins européens. Telle est la conclusion d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales que franceinfo s’est procuré.


Il a été finalisé en juin dernier, mais n’a jamais été publié. Dans ce rapport, auquel nous avons eu accès, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) – qui produit notamment des analyses pour éclairer le gouvernement – compare les pratiques managériales françaises, allemandes, suédoises, italiennes et irlandaises.
Quatre secteurs d’activité ont été passés au crible : l’automobile, le digital, l’assurance et l’hôtellerie-restauration. Les pratiques managériales analysées renvoient aux relations entre un cadre et les personnes sous son autorité, les stratégies déployées, mais aussi les organisations du travail qui incarnent souvent la culture managériale.


Forte distance hiérarchique


La comparaison de la France aux autres pays étudiés est « médiocre » et « peu flatteuse » écrivent les auteurs. La France se caractérise par un management « très vertical, hiérarchique » et peu coopératif. Conséquence, le niveau d’autonomie des salariés français est « sensiblement plus faible ». Le degré de confiance dans le management et la direction « moins élevé », avec une forte distance hiérarchique.
La reconnaissance du travail accompli est moins importante en termes d’encouragement, de retour d’expérience ou de droit à l’erreur. La formation des futurs encadrants dans les écoles d’ingénieurs et de management est « très académique », avec peu de temps « consacré à la compréhension des organisations » et au volet humain.
L’Igas souligne aussi qu’il n’existe pas de politique publique du management en France, mais des politiques qui l’influencent indirectement. Par exemple, les obligations des entreprises en matière de qualité de vie au travail, même si les accords sont peu nombreux. Ou le droit d’expression des salariés, mais rarement mis en application.


Créer un programme de soutien national à l’innovation managériale


L’inspection générale des affaires sociales formule des recommandations. Elle propose de prolonger les débats sur les pratiques managériales entamés lors des Assises du travail, débats « qui pourraient le cas échéant être une base de contenus pour une éventuelle négociation d’un accord national interprofessionnel » entre les organisations syndicales et patronales. Elle recommande de créer un programme national de soutien à l’innovation managériale et à la qualité de vie au travail, avec des actions d’accompagnement, qui pourraient être en partie financées par des fonds européens.
L’Igas préconise aussi d’introduire la question du management dans la négociation obligatoire en entreprise. Elle conseille de former les futurs et actuels managers aux pratiques innovantes et participatives. Elle suggère d’étendre le pouvoir du CSE en matière d’organisation du travail, mais aussi de renforcer la participation directe des salariés sur ce sujet, sans porter atteinte aux représentants du personnel.


Le management a un effet direct sur la santé, la qualité de travail et l’engagement des salariés, rappelle l’Igas. C’est un point majeur, dit l’institution, alors que les entreprises ont du mal à recruter et à fidéliser les collaborateurs, dans un contexte de crise du sens au travail.

Publié le 16 mars 2025 par Sarah Lemoine -Radio France