Le développement du télétravail a accéléré les mutations en entreprise. Les managers doivent, encore plus qu’avant, veiller à la cohésion d’équipe et au bien-être… Tout en tenant les objectifs
Qu’attend-on des managers ? Encore plus qu’avant ! Côté direction : surtout qu’ils atteignent les objectifs et qu’ils garantissent une production de qualité. Côté équipes : qu’ils sachent témoigner de la reconnaissance et qu’ils soient des facilitateurs au quotidien. C’est ce qui ressort de la dernière enquête de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) sur ce sujet, réalisée auprès de managers et, en parallèle, de cadres au sens large.
Veiller à maintenir le collectif
Rien de très nouveau, a priori. Les attentes premières n’ont pas changé ces dernières années. Mais les managers ont sur leurs épaules d’autres missions, qui prennent de plus en plus de place. « La crise sanitaire et son corollaire, le développement du télétravail, ont souvent engendré un éclatement physique du collectif de travail , explique l’Apec. Dès lors, les managers sont de plus en plus appelés à œuvrer pour entretenir la cohésion de l’équipe. La direction attend, en effet, de plus en plus d’eux qu’ils parviennent à motiver les collaborateurs et à les fédérer autour d’objectifs communs. »
Les directions continuent de se montrer exigeantes sur la partie production et sur la tenue des objectifs… Tout en demandant aussi de veiller à la qualité de vie au travail. Ce qui correspond d’ailleurs aux attentes des équipes. Ces dernières veulent davantage que leurs managers contribuent à leur bien-être et instaurent une bonne ambiance. Ils sont aussi de plus en plus attendus sur le développement des compétences.
Les managers ont donc commencé à faire évoluer leurs pratiques. Un cadre sur deux estime que son supérieur a répondu aux attentes croissantes en matière de qualité de vie au travail. Les cadres notent aussi qu’ils communiquent plus sur la stratégie de l’entreprise et les intègrent davantage dans les prises de décision. Six sur dix pensent que leur manager a su évoluer en leur donnant plus d’autonomie et presque autant qu’il a su instaurer des échanges moins hiérarchiques. Attention toutefois, il s’agit ici du point de vue de cadres qui, par leur statut, bénéficiaient déjà d’une forte autonomie. L’enquête ne dit pas si des employés et ouvriers tiendraient le même discours.
Injonctions contradictoires
Dans ce contexte, les managers restent pris entre le marteau et l’enclume. « La difficile conciliation entre performance et bien-être constitue le dilemme le plus saillant. » Surtout, les managers manquent de temps, alors qu’on leur demande d’accomplir des tâches de plus en plus chronophages (réunions transversales, gestion des courriels, suivi des activités, etc.). Difficile de rester disponible pour les équipes, ce qui est un vrai problème à leurs yeux. Deux tiers des cadres managers interrogés ont occasionnellement, voire souvent, la sensation de faire face à une charge de travail insurmontable.
Manager a toujours nécessité des compétences multiples. Mais les nouveaux modes de fonctionnement les font de plus en plus ressembler à des femmes et hommes orchestres. Trois quarts des cadres attendent de leur manager qu’il possède a minima un solide bagage de connaissances et de compétences, voire une véritable expertise dans le domaine de l’équipe. Surtout dans les petites entreprises, où il doit d’autant plus continuer à produire. Mais les managers eux-mêmes s’imposent cette nécessité de rester des experts dans leur métier. À cette dimension technique s’ajoutent des compétences comportementales indispensables à la gestion de leur équipe.
Face à tout cela, il y aurait de quoi se démotiver. Pourtant, 84 % des managers souhaitent continuer à exercer ce rôle à l’horizon des cinq prochaines années.
Publié le 19 novembre 2022 par Aline Gérard pour Ouest France